La cérémonie initiatique de passage à l’âge adulte des jeunes Dzao «Câp sac» est un des rites traditionnels typiques et uniques de l’ethnie Dzao. Pour les parents de l’ethnie Dzao, ce n’est qu’après le rite qu’ils pourront affirmer avoir réussi à bien éduquer, à former leur fils à l’âge adulte. L’ethnie Dzao a la coutume de célébrer cette cérémonie aux garçons qui viennent d’avoir 13 ans. Ce rite original porte de précieuses valeurs culturelles de cette ethnie qui a élu domicile le long des frontières Vietnam-Chine et Vietnam-Laos, dans les provinces montagneuses du Nord de Hà Giang, Tuyên Quang, Lào Cai, Yên Bai, Bac Kan… Le câp sac est souvent célébré en novembre, en décembre ou en janvier.
La cérémonie «Câp sac» a pour but de remercier les génies de la forêt, de l’eau, du riz, de la terre… et de leur faire un rapport que leurs fils ont grandi. Elle exige de longs préparatifs. La famille du garçon doit mettre pas moins d’un an pour que tout soit prêt. En effet, les familles de la lignée doivent se réunir un an auparavant afin de fixer les bonnes dates. En d’autres termes, il faut être sûr que les gens seront libres de tous travaux champêtres. Avant la cérémonie, les Dzao doivent tout préparer: alcool, viande, riz… mais aussi s’assurer que les participants seront en forme pour accomplir l’ensemble des rites qui les attendent.
Une cérémonie «Câp sac» débute par le rite de présentation aux ancêtres (les organisateurs de la cérémonie tuent un cochon et en font offrande aux ancêtres). Ensuite, les «thây cung» – sorciers spécialisés dans les cérémonies de culte – doivent purifier l’espace avant de frapper le tambour pour inviter les ancêtres à venir assister à la cérémonie. Les sorciers font un rapport aux ancêtres, présentant les raisons de la cérémonie. Après les prières et autres demandes adressées aux divinités, les sujets principaux de la cérémonie, les jeunes hommes, écoutent attentivement les leçons de morale qui leur sont inculquées. Désormais, ils sont considérés comme des hommes à part entière et bénéficient d’un grand crédit auprès de leur famille, lignée et communauté pour se charger d’affaires importantes. Les rites laissent ensuite la place aux réjouissances, avec un grand banquet réunissant tous les invités.
Quand les garçons sont reconnus comme étant des hommes, ils seront admis comme membres à part entière de la communauté villageoise. Ce concept de maturité est associé à la fierté ethnique mais également à un profond sens spirituel dans leur culture immatérielle.
L’influence prédominante du taoïsme se manifeste dans les rites et les pratiques magiques. Ce sont des chamanes de la tribu qui sont les maîtres de la cérémonie. D’ailleurs, selon chaque initié, la cérémonie est personnalisée. Il reçoit à cette occasion un nom religieux qui ne sera invoqué que pendant les cérémonies rituelles. Beaucoup de prières et d’offrandes ont lieu. Les offrandes sont surtout des cochons et des poulets dont le nombre et la grosseur dépendent de la richesse de la famille du garçon.
Le «sac» (brevet sacré) reconnaîtra après la cérémonie que l’initié appartient par le sang à la lignée de l’ethnie. Cet événement constitue le début de la vie de l’homme, il aiderait même l’homme à être plus mature, c’est pour cela que cette cérémonie a une grande place dans la culture spirituelle de l’ethnie Dzao.
Une cérémonie «câp sac» se déroule pendant trois jours et trois nuits. Plus les participants sont nombreux, plus les organisateurs s’attireront la bonne fortune.